Romancière de l'imaginaire

*ALBA GU BRATH ! = L’Ecosse, pour toujours! (Gaélique écossais)

Mes proches ne seront pas étonnés de voir que mon deuxième article porte sur un sujet qui me tient à cœur depuis que j’ai douze ans. Mes lecteurs non plus, d’ailleurs.

L’Écosse a une place importante dans ma vie, peut-être même bien plus que ce que les gens peuvent imaginer, mais ce pays est surtout ma plus grande source d’inspiration. J’écris sur lui, à travers lui et pour lui… Cette fascination laisseront certains pantois, d’autres riront, et les autres, les plus connaisseurs, partageront mon sentiment d’appartenance à un pays qui n’est et ne sera jamais le mien.

Tout commença lorsque, au collège où j’étais élève, mon professeur d’anglais de l’époque, en partie responsable, sans le savoir, de grands changements dans ma vie, nous offrait l’opportunité de partir dix jours à Édimbourg, capitale historique de l’Écosse. Un échange scolaire, avait-elle annoncé… mais finalement, bien plus que cela. Mes camarades de classe prennent tout cela à la légère, et se moquent déjà du pays et même de leurs futurs correspondants : « on va se geler ! » ; « tu crois qu’ils sont tous roux ? » ; « je m’en fous, s’ils me parlent anglais, je réponds pas ! ». À l’époque déjà, je me rappelle avoir suivi le flot des réflexions puériles et stéréotypées qu’un adolescent pouvait accumuler en quelques minutes mais, au fond de moi, je n’avais qu’une hâte : faire ce voyage et rencontrer autant de gens que possible. Je ne fus déçue, comme vous pouvez vous en douter ! J’ai su au moment où ma famille écossaise me rejoignait dans le Hall de l’aéroport d’Édimbourg que j’étais faite pour les voyages… pour CE voyage. L’aventure ne faisait que commencer…

Au delà même de ce que les mots peuvent créer chez un lecteur, il m’est encore difficile d’expliquer et de rationaliser cette passion dévorante qui m’habite lorsque je me trouve en Écosse. Était-ce dans l’air, vivifiant et pur ? Ou bien dans le comportement des gens, si serviables, si drôles, si simples ? Ou encore dans le respect des traditions, si ancrées dans leur quotidien ? En aucun cas, je ne retrouvais cela en France… nul part. Peut-être que je ne le souhaitais pas, d’ailleurs, faisant de l’Écosse la destination parfaite pour apaiser toutes ces tensions que j’accumulais dans mon propre pays. Je le savais… c’était ce soulagement, ce bien-être, qui me faisait lâcher une petite larme lorsqu’enfin arrivée sur ces terres extraordinaires, et me brisait le cœur le jour de mon départ.

J’exaspère souvent les gens à faire la comparaison entre la France et l’Écosse… je le sais… je le vois dans leurs yeux. Intérieurement, beaucoup se moquent de voir cette lumière et cette émotion dans mon propre regard lorsque je n’évoque ne serait-ce qu’une infirme partie de ce que représente ce pays pour moi. Ils comprendront quand ils s’y rendront, tant pis… et s’ils ne comprennent pas, eh bien, c’est qu’ils n’étaient pas prêts (et ne le seront peut-être d’ailleurs jamais !). Je me rends compte, par ailleurs, qu’avec le temps, et pour les contrer, j’ai emmagasiné un nombre illimité de « brise-clichés ». Vous me dites « il y pleut tout le temps ! », je réponds que le pays ne serait pas si verdoyant sans cette pluie… inutile de leur rappeler que nos avons des épisodes cévenoles à quelques kilomètres de chez nous (région PACA) ; on me parle de « malbouffe » et « cuisine épouvantable », et je rétorque qu’un des chefs les plus réputés du monde est écossais (Gordon Ramsay) et qu’il n’y a pas meilleurs fruits de mer et poissons de la pêche locale que sur cette île. Et enfin, on me sort la phrase qui fait rager (moi, mais aussi eux…), amplifiée par le récent BREXIT : « De toute façon, ce sont des anglais ! » qui veut tout dire et rien à la fois… Même si, au fond de moi, je n’ai rien contre les anglais que j’admire par leur flegme et leur politesse, je le répète, encore et toujours : Les écossais ne sont PAS anglais ! Ils ne les apprécient généralement pas, par leur histoire, leur vécu et leur comportement. Plus encore, aujourd’hui, ils sont encore en conflit car l’Écosse ne veut absolument pas sortir de l’Union Européenne, et il en va de même pour les Irlandais et la majorité des habitants de Londres. Je vais tenter de m’arrêter là, avant que cet article ne se transforme en coup de gueule anti-stéréotypes, mais je ne peux que terminer en disant qu’il vous faut vous y rendre et vous faire une idée par vous-même.

Alors ? me direz-vous. Qu’est-ce que l’Écosse a de plus que la France et pourquoi m’inspire-t-elle autant, en particulier dans mes récits ? Sa richesse et sa force sont difficiles à conter en quelques lignes. Vous mourrez d’ennui avant d’avoir fini de lire ma liste… Je dirais alors que son Histoire et les traditions qui en découlent font d’elle un paradis de dépaysement. Chance insolente quand on pense que je n’ai pas eu à chercher longtemps lorsqu’il a fallu écrire mon premier roman. Je pourrais même affirmer qu’il n’y a jamais eu de réflexion sur les origines de mon héroïne, Alba, et il en allait de même pour son prénom, traduction du nom « Écosse » en gaélique écossais. Il fallait que son parcours initiatique débute et se termine sur ces splendides landes de mythes et de légendes, hymne même à la Nature et à la Création.

Terry Dunes-Carreto